Les dessins pièges

Certains dessins ne doivent pas servir un texte, ils peuvent même changer de sens en cours de route. Ceux-ci ont une lecture fondamentalement opposée et différente de l’illustration de textes Dans mon cas, l’image unique qui ne sert pas pour illustrer un texte d’auteur, doit s’imposer en quelques minutes, piéger rapidement le regard. Elle doit résulter d’une idée, fragile, fulgurante et éphémère : la manipulation peut la faner.

Dans ses compositions, Breucker veut échapper au système académique, il ne veut pas se laisser enfermer dans un univers culturel ultra formaté: il crée en se disant qu’une forme peut en cacher une autre, sans penser d’avance au projet fini. Les détails qui jonchent ses dessins amènent le lecteur de surprise en surprise au fil de sa lecture, en plusieurs phases, de l’image et du texte qui l’accompagne. Il piège le lecteur et utilise pour cela différents procédés pour compléter le(s) sens qu’il veut donner à son dessin : les collages, des mots.

« Les collages et les courtes phrases contenus dans mes dessins sont des parasites ; ils provoquent toujours une réaction. En cours de travail, au lieu de continuer le développement normal du dessin, je lui impose un collage, là, n’importe où, mais bien en vue. Le greffon s’impose alors comme un vrai cabotin, un opposant et modifie le sens purement formel de la composition. Petit à petit, il va s’immiscer dans la narration jusqu’à l’accaparer et souvent changer le cours de l’histoire. »⁴

Queue de cheval, encre et collage, 15x15cm

Les affiches

Roland Breucker a réalisé plusieurs affiches au cours de sa carrière. A la demande d’Alain de Wasseige, il a crée sept fausses affiches pour exposer dans sa galerie. Le résultat engendré par ces affiches aux causes inventées est un jeu sur le support, la langue et l’image basé sur le détournement des règles habituelles de ce type de support visuel.

⁴ Roland Breucker. Quelques années de mine, p. 62.
⁵Roland Breucker. Quelques années de mine, p. 63.